L'AMOUR ENTRE DEUX RIVES
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 LES YEUX DE L'AME

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SAB
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SAB


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MessageSujet: LES YEUX DE L'AME   LES YEUX DE L'AME Icon_minitime1Sam 27 Oct - 10:11

LES YEUX DE L'AME Vision10


Les yeux de l'âme



Dans une chambre d'hôpital, qui n'avait qu'une fenêtre, deux hommes, très âgés et gravement malades, attendaient la fin.

Celui qui occupait le lit le plus proche de la fenêtre devait s'asseoir pendant une heure, chaque après-midi, pour qu'une machine complexe lui applique un traitement relativement inconfortable. Mais cela le mettait en bonne position pour regarder au-dehors. Ce que ne pouvait faire son compagnon de chambre, la maladie dont il souffrait l'obligeant à rester en permanence couché sur le dos.

Les deux compagnons d'infortune ne recevant jamais la moindre visite, ils s'efforçaient de combler en partie leur vide affectif en se parlant pendant des heures. Ainsi évoquaient-ils leurs épouses disparues et leurs familles respectives, la maison où ils avaient vécu, le travail qui avait été le leur et les lieux qu'ils avaient bien connus, tels ceux où ils avaient eu coutume de passer leurs vacances ; et ils s'étaient déjà raconté des dizaines de fois certaines anecdotes remontant à leur jeunesse.

Mais il y avait quelque chose qui, pour eux, était plus important encore que tout cela, car il s'agissait de la vie présente. Chaque après-midi, en effet, quand l'homme dont le lit était près de la fenêtre devait s'asseoir, il décrivait à son compagnon de chambre tout ce qu'on voyait dehors.

C'était une heure de ravissement absolu ! D'ailleurs l'homme qui était condamné à rester allongé, dans l'autre lit, ne trouvait le courage de survivre que pour cette heure quotidienne, où le monde était soudain élargi et égayé par toutes les nuances de couleur et les activités du monde extérieur, que son voisin l'aidait à imaginer en les lui décrivant avec précision.

C'est ainsi que le malade immobilisé arrivait aisément à se représenter la vue sur le parc avec au milieu le lac d'un bleu profond. Il avait l'impression de voir les canards et les cygnes évoluant à la surface, tandis que les petits enfants faisaient voguer leurs élégants voiliers.

Des amoureux se promenaient sans fin, se tenant serrés l'un contre l'autre, s'arrêtant souvent pour se regarder, extasiés, et pour échanger des baisers, légers et suaves comme les couleurs d'arc-en-ciel des parterres de fleurs environnants. De grands arbres altiers rehaussaient la majesté du paysage et on pouvait apercevoir la ville, se dessinant au loin, pleine de mouvement et de vie.

Pendant que le malade, assis sur son lit près de la fenêtre, décrivait tout cela avec force détails, celui qui ne pouvait quitter l'autre coté de la chambre gardait les yeux fermés et s'émerveillait de la beauté des scènes qu'il lui était permis d'imaginer. Il lui arrivait même de se dire qu'il n'avait pas assez regardé le monde, jadis, quand il lui était possible de le voir.

Ainsi, par une douce après-midi d'automne, l'homme près de la fenêtre lui décrivit une parade qui passait. Et, bien que la distance empêchât d'entendre la musique que jouait la fanfare, son compagnon dépeignit la scène de façon tellement vivante, qu'il pouvait voir, avec les yeux de l'âme, le chatoiement des uniformes chamarrés, les mouvements vifs et précis des majorettes, le rutilement des instruments de cuivre et même les pirouettes gracieuses que décrivait en l'air le bâton du tambour-major.

Des scènes aux détails toujours nouveaux se déroulaient chaque jour dans le parc, pour la plus grande joie des deux vieillards alités.

Or, voilà qu'une nuit l'inéluctable se produisit. L'un d'eux mourut pendant son sommeil, paisiblement, sans même s'en apercevoir. Ce n'est que le lendemain matin, alors qu'elle venait pour la toilette, que l'infirmière le découvrit sans vie. Elle en fut très attristée, car elle l'estimait beaucoup pour la gentillesse qu'il lui témoignait et pour le réconfort qu'elle le voyait prodiguer à son compagnon de chambre. Elle dut pourtant se résoudre à aller appeler un médecin pour qu'il vienne constater le décès. Ensuite il fallut enlever le corps du défunt et le nécessaire fut fait pour prévenir la famille.

Le lit près de la fenêtre se trouva donc vacant. Au bout de quatre jours, comme il n'arrivait pas à surmonter son chagrin, le malade resté seul demanda si on pouvait le changer de lit, pour le rapprocher de la fenêtre.

L'infirmière accéda volontiers à sa demande, souhaitant que ce changement puisse apaiser un peu sa peine. Puis elle s'assura de son confort et le laissa seul.

Dès qu'elle fut sortie, lentement, péniblement, malgré la souffrance aiguë que cet effort lui causait, et en dépit des dangers qu'il savait qu'un tel geste pouvait lui faire courir, le malade survivant se souleva sur un coude pour contempler le magnifique parc, avec le lac, les cygnes blancs, les bateaux, les petits enfants, les amoureux et les fanfares qui y passaient parfois. En retrouvant ces scènes, si vives et fraîches, il espérait se rapprocher, pour ainsi dire : avec les yeux de l'âme, de son ami disparu.

Or il n'eut que la vision d'un terrain vague avec, au loin, une usine abandonnée.


Epilogue

Lorsque l'infirmière revint, il lui demanda pourquoi son compagnon de chambre lui avait dépeint une tout autre réalité.

L'infirmière répondit que, de toute façon, le défunt était aveugle et ne pouvait par conséquent rien voir de ce qu'il y avait au-dehors, ni le terrain vague ni l'usine désaffectée.

"C'était vraiment un homme très bon, commenta-t-elle. Ce comportement de sa part suffirait à le prouver. Il est évident qu'il a voulu vous aider à trouver de nouvelles forces pour vous accrocher à la vie. Et je sais qu'il en trouvait lui-même par la même occasion. Car lorsqu'il vous décrivait les scènes qu'il imaginait, son visage et tout son être rayonnaient, comme éclairés d'une soudaine lumière intérieure qui le faisait revivre !"


Conclusion

Rendre quelqu'un heureux, en dépit de nos propres épreuves, peut nous être une extraordinaire source de bonheur.

On dit que peine partagée réduit douleur de moitié. Mais le bonheur, une fois partagé, s'en trouve décuplé !

Si nous voulons nous sentir riches, nous n'avons qu'à compter, parmi toutes les choses que nous possédons, celles que l'argent ne peut acheter et que nous pouvons partager avec autrui. Autrement dit : tout ce qui peut nous être "aujourd'hui" une source de joie intérieure.

Du reste, n'est-ce pas parce que "aujourd'hui" est en puissance notre plus précieux cadeau, qu'il est souvent appelé le "présent" ?…

L'origine de cette histoire est inconnue, mais elle a été une source d'inspiration pour toutes celles et ceux qui l'ont lue. C'est dans cet esprit que vous êtes invité(e) à la faire lire à votre tour, directement ou par courrier, à des personnes qu'elle pourra encourager à faire leur possible pour apporter de la joie dans la vie des autres.

Et rappelons-nous toujours cette autre leçon de l'histoire que nous venons de lire : ce n'est pas vraiment au-dehors de nous que la vie est belle, comme automatiquement et par elle-même, et qu'il fait bon vivre. C'est plutôt depuis le dedans de nous, qu'elle peut se révéler telle, si toutefois nous savons comment la regarder. Et cette découverte, oh combien salutaire, est facilement transmissible à chacun, pour le plus grand bien de tous !
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