LES ETAPES DU DEUIL

La première est l'acceptation de la réalité de la perte. La mort plonge les survivants dans une espèce d'irréalité diffuse. Les expressions "Ce n'est pas vrai", "J'ai l'impression de vivre un cauchemar" le disent et reviennent souvent même si d'une personne à l'autre, les réactions sont diverses. Les unes se taisent, les autres pleurent. Certaines s'activent pour masquer leur chagrin. Quoi qu'il en soit, accepter la réalité est indispensable sinon le deuil ne peut commencer. C'est pour cette raison que l'on conseille de voir le corps de la personne morte pour enregistrer l'image de la réalité, même si, évidemment, la démarche est très pénible. Il est difficile d'admettre la mort, en cas d'accident défigurant, si l'on a pas été confronté à l'image du défunt (que l'on peut "découvrir" partiellement dans les cas où le corps et/ou le visage du mort sont quasi méconnaissables). À ce stade, comprendre ce qui s'est passé (où, quand, comment ?) est également essentiel.

Ensuite, connaître la douleur de la perte. "Le seul chemin pour aboutir passe droit à travers la douleur." La douleur doit être affrontée au risque d'empêcher le deuil. Les crises de larmes intenses, les pointes de douleur irrépressibles sont aiguës pen­dant les premières semaines qui suivent la mort de la personne aimée. Elles sont parfaitement saines. Avec les semaines, le choc s'atténue, la douleur s'estompe. À nouveau, il vaut mieux laisser les personnes endeuillées montrer leur souffrance et ne pas les "secouer" avec des paroles faussement enjouées ou moralisatrices du style "Pense à tes enfants", "Tu as encore de belles années devant toi", "Reprends-toi", "II était malade, il vaut mieux peut-être qu'il soit mort"... La douleur ne peut être esquivée. Une autre attitude est à bannir, celle qui consiste à éviter carrément de nommer le mort pour ne pas faire de la peine. Pour ceux qui restent, cette négation est atroce, aux antipodes de ce qu'ils attendent.

La troisième étape consiste, elle, à s'adapter à son nouvel environnement sans le défunt. La mort d'un proche, outre la tristesse, cause un bouleversement non seulement intime mais aussi social dans la vie des survivants. Ainsi par exemple, une veuve doit se restituer dans la vie. Ses repères, ses activités dans une certaine mesure changent, la nature de ses relations aussi. Les invitations professionnelles (du côté de son mari) ou amicales se font plus rares. Les parents d'un enfant unique décédé constatent souvent qu'ils sont rayés de toutes les activités qui rythmaient leur vie "d'avant": fêtes d'école, réunions scout... Face à la douleur, au manque, à ces bouleversements, les survivants vont idéaliser la personne défunte, ce qui n'est pas toujours vivable pour les autres. Par exemple lors du décès de l'un des enfants d'une famille, les autres enfants peuvent penser que le (la) mort(e) occupe totalement l'esprit de leurs parents. Il (elle) était si gentil(le), si habile, si intelligent(e), si drôle, si...

Au fil du temps, cette idéalisation va s'atténuer. Ce sera souvent le signe que la quatrième étape se met en place : la famille accorde une nouvelle place au défunt et petit à petit reprend goût à la vie. Le deuil s'achève lentement : le défunt est toujours présent dans l'esprit et dans le cœur de ses proches, mais la vivacité de la douleur s'apaise. L'énergie revient, les projets (de nouveaux projets parfois) réapparaissent: la vie reprend ses droits.

Lorsque ce processus ne se déroule pas bien, certaines personnes s'enfoncent dans un comportement inquiétant. Certains signes sont repérables avec, entre autres, la négligence de l'hygiène personnelle, la difficulté à prendre de simples décisions, l'hyper-activité, la perte importante de l'estime de soi, des troubles importants du comportement, l'abus d'alcool ou de tabac, des insomnies fréquentes et graves, des pensées "actives" de suicide, des hallucinations... Leur persistance pendant plus de six à huit semaines doit alerter l'entourage. Une aide professionnelle peut être utile dans ces cas-là.

Merci Sab pour le partage de ce texte si vrai.
Je me suis reconnue à travers certains points de la fin du texte, suite au décès de Raphaël. La plus longue à guérir est l'estime de moi même qui ne semble pas vouloir revenir. Peut être est ce dû à la prise de médicaments qui a amené chez moi une prise de poids de plus de 20kg, sans compter les grignotages sucrés pour "compenser" la perte.
Le chemin peut être très long. Mais comme tu le dis l'aide professionnelle peut être d'une grande valeur. Pour ma part je déplore d'avoir mis tant de temps pour enfin comprendre cette utilité. Il aura fallu une période de trois années.

Merci SAB pour toutes tes explications.
Pour notre part, on est encore bien secoués, mais il n'y a que 10 jours que le grand-père est décédé.
Moi, je réagis bizarrement, j'ai besoin de pleurer, je mange tout le temps, je deviens boulimique, mais heureusement je ne prends pas un gramme et le pire c'est que tout me fait mal, les remarques, l'attitude des autres, le bruit,... j'ai envie d'aller habiter toute seule, c'est bête!
J'espère que je vais sortir de cette espèce de déprime.
Pour toi, Marie-Claire, ça a duré 3 ans, c'est énorme et tu peux encore en parler avec émotion, comme si c'était hier.
Fait-on jamais le deuil complètement, je me le demande.

Je pense effectivement que le deuil d'un enfant est plus difficile, que le deuil d'un parent ou grand parent car dans la lignée cela est plus logique qu'ils partent avant un enfant.

Mais il est tout à fait normal de ressentir de la souffrance et du chagrin lors de la perte de membre de sa famille ou d'un ami.

Il n'y a pas de durée de temps quand à la cicatrisation car chacun à son rythme pour évacuer son chagrin et remonter la pente. C'est comme les malades, chacun se rétablit à son rythme, l'un plus rapidement que l'autre.

J'espère que tous les messages transmis par ceux que nous aimons et qui sont de l'autre côté de la rive réconforteront ceux qui souffrent de leur départ et apaiseront leur chagrin.