Le principal moyen d'aider une personne endeuillée, c'est de l'écouter. Les paroles d'encouragement ou les conseils sont souvent perçus comme inutiles ou même blessants. En effet, nos mots sont parfois maladroits pour exprimer notre pensée ou pour dire à l'autre que l'on est sensible à l'intensité de sa peine. On est souvent mieux d'admettre qu'on ne sait pas quoi dire, qu'on est mal à l'aise parce qu'on devine un peu à quel point on serait soi-même bouleversé dans une telle situation. Les comportements les plus appropriés et les plus appréciés sont habituellement de se montrer disponible, d'être à l'écoute des émotions de l'endeuillé, de savoir respecter son silence.
Il faut éviter les phrases toutes faites et les conseils tels :
"Tu peux avoir d'autres enfants"
"Tu es jeune, tu peux te remarier"
"Il est bien mieux mort que d'être resté légume"
"Tu vas sortir grandi de cette épreuve"
Ces phrases ne sont pas nécessairement fausses, mais elles ne sont pas aidantes. C'est la personne endeuillée elle-même qui peut trouver les aspects moins pires de sa situation. Cela fâche l'endeuillé de se faire dire qu'il est chanceux dans sa malchance ou qu'il n'a qu'à tourner la page. Il se sent alors incompris et cherchera à éviter les personnes qui lui manifestent peu de compassion.
Les gens en deuil ont besoin d'être entourés, mais ils ne recherchent pas le même genre de relations sociales qu'auparavant. Ils se sentent souvent isolés et trouvent que les relations avec leurs proches sont plus difficiles. En effet, ils ont besoin des autres, mais il ne faut pas s'attendre à les retrouver comme ils étaient avant le décès à cause de la tristesse du deuil. Souvent, dans les premières semaines après le décès, les endeuillés sont bien entourés par leurs proches. Après quelque temps, ceux-ci s'éloignent parce que pour eux, la vie reprend son cours normal. Mais pour les endeuillés, la vie n'est plus, et ne sera plus jamais la même.
On croit parfois qu'il vaut mieux ne pas parler du disparu pour ne pas attrister les endeuillés en leur rappelant leur perte. C'est oublier à quel point leurs pensées sont habitées par le disparu. Plusieurs endeuillés souhaitent en parler, d'autres ne se sentent pas capables ou ne désirent pas le faire. Il faut respecter les besoins de chacun. Cependant, il est important de ne pas changer de sujet quand l'endeuillé parle du décédé. En effet, les endeuillés ont souvent l'impression de renier l'être cher en évitant de parler de lui. Ils vivent cela comme une "conspiration du silence". Il importe de tenir compte de leurs désirs à ce sujet.
Ils ont parfois besoin de dire et de redire les mêmes choses longtemps : leur attachement à la personne décédée, l'histoire de ce qui s'est passé, les difficultés qu'ils vivent, le vide qu'ils ressentent. Souvent, après un certain temps, ils ont l'impression que leurs proches ne veulent plus les entendre. Les endeuillés souffrent alors de solitude, d'isolement et d'incompréhension alors qu'ils auraient besoin d'être entourés et respectés dans leur cheminement.
Parfois les endeuillés éprouvent une certaine envie face au bonheur des autres et évitent les rencontres avec des personnes qui leur rappellent ce qu'ils ont perdu. Ainsi, une femme, après le décès de son conjoint, peut éviter les gens qui sont en couple ou encore des parents, après le décès d'un enfant, peuvent s'éloigner de proches qui ont des enfants du même âge.
Il ne faut pas s'offusquer de cette attitude des endeuillés et il faut être capable de leur offrir à nouveau plus tard de l'écoute, une sortie, une invitation parce qu'ils cheminent et que leurs besoins changent. Ceux qui trouvent des personnes attentives, compréhensives, disponibles et tolérantes en sont très reconnaissants et disent à quel point cela les aide à vivre leur deuil.
Les endeuillés apprécient aussi une aide concrète comme apporter un repas, garder les enfants, faire les petites tâches ménagères qu'ils n'ont pas toujours le courage de faire.
Il faut se rappeler que l'attitude et le comportement sont plus importants que les paroles pour transmettre à la personne endeuillée l'expression de notre sensibilité à sa peine et notre disponibilité à l'écouter et à l'accompagner sur ce long chemin du deuil. C'est un processus long et exigeant, mais il faut prendre le temps nécessaire pour le vivre. C'est une condition essentielle à la guérison du coeur blessé par le décès d'une personne aimée.